Le carnet de route de Jacques Kayser accompagnant les troupes alliées des plages de Normandie jusqu’à Paris constitue, selon l’historien Pierre Laborie qui présente ces pages, « un document de valeur inestimable ». Livrant un témoignage direct, immédiat, concret, sur la France profonde redécouverte au moment de sa libération, il éclaire d’un jour nouveau - et parfois surprenant - quelques problèmes majeurs livrés au jugement de l’Histoire. Dans quel état d’esprit se trouvaient effectivement les campagnes françaises en juin 1944 ? Quel était le poids réel de la Résistance ? Quel fut l’effet des bombardements massifs opérés par les Alliés ? Sur ces questions mille fois débattues, voici non point une thèse de plus, mais le bouleversant journal d’un correspondant de guerre habité par le doute et soucieux de ne jamais maquiller la réalité. Les réactions décrites à chaud par ce témoin irrécusable, note encore Pierre Laborie, « sont loin de coïncider partout avec les images d’enthousiasme indescriptible gravées dans la mémoire collective ». Débarqué en Normandie en tant que chef du service des correspondants de guerre et officier de presse du général Kœnig, Jacques Kayser, résistant, avait rejoint Alger puis Londres en juillet 1943. Rédigé au jour le jour, dans des conditions parfois difficiles, sur un cahier d’écolier, son journal nous est restitué, cinquante-cinq ans après, par son fils, le géographe Bernard Kayser.