En même temps que la théorie économique générale, sous sa forme néo-classique, s’appauvrit, des études très spécialisées et « techniques » souvent liées aux avatars de la politique économique, se développent et prolifèrent. Ainsi, dans les pays capitalistes monnaie et financement sont-ils souvent étudiés en eux-mêmes, sans qu’une conception générale de l’économie soit explicitée. Plus limités encore sont les nombreux modèles de l’« offre de monnaie » qui visent à expliquer comment la monnaie nait et se multiplie sans mettre en discussion la nature de celle-ci. Cependant une telle fragmentation n’est possible que parce qu’il existe un accord implicite. La conception dominante est celle de la théorie quantitative de la monnaie, parvenue à surmonter l’usure des siècles et les bouleversements de doctrines et de systèmes. Elle cherche à faire de la création de monnaie un processus purement économique, mais se trouve renvoyée à une régulation purement politique. Peut-être la prise en considération des structures de financement permet-elle une analyse mieux appropriée ? Il n’en est rien, si la notion de monnaie n’a pas été définie au préalable de façon que l’on puisse établir une relation dialectique entre monnaie et financement. Grâce à un examen critique on doit pouvoir s’orienter dans le dédale des analyses spécialisées et des discussions de politique économique (offre de monnaie « contre » dépenses publiques). Il faut démonter de l’intérieur, et situer dans un cadre théorique général, diverses notions d’« offre de monnaie ». Des analyses historiques et politiques, permettant de mieux comprendre le rapport entre structures de la monnaie et du financement, n’en seront pas moins nécessaires.