Le terme de « friche » est récemment venu au monde de l'art – lieu alternatif, espace intermédiaire, site abandonné où se produisent des formes artistiques nouvelles. C'est sur ce modèle quelque peu paradoxal (la friche tire sa vitalité des ruines) qu'il faut comprendre nos rapports avec l'art africain. De par son caractère auto-référentiel, l'art contemporain occidental serait dans une impasse. Face à ce délitement, le métissage, le recyclage, le mixage des cultures apporteraient la solution miracle et l'Afrique serait ainsi une source majeure de régénération de l'art occidental. Oui, mais de quelle Afrique parlons-nous ? Il s'agit moins ici de réfléchir aux qualités proprement esthétiques de l'art africain que de délimiter, à travers celui-ci, la place qu'occupe l'Afrique dans notre imaginaire. Art « premier » ? Art « classique » ? Art « contemporain » ? L'art africain apparaît comme ce lieu stratégique d'interlocution – y compris dans ses malentendus – entre l'Occident et l'Afrique.